LE SELF LOVE

LE SELF LOVE

• Qu’est-ce que le self love ?

Self love signifie littéralement “amour de soi”, mais le mot “aimer” est devenu si banal de nos jours. On dit qu’on aime les frites, qu’on aime la personne qui partage notre vie, qu’on aime faire du sport, etc. L’amour est un sentiment qui peut prendre de nombreuses formes et être éveillé par tant de choses, d’expériences, de personnes. Il y a l’amour-plaisir, l’amour-joie, l’amour-compassion… On utilise le mot aimer pour décrire différentes émotions et sensations agréables, au point qu’on ne sait plus bien ce qu’est précisément l’amour.

Pour moi, le self love est au-delà des émotions et des sensations : c’est le fait d’aimer, d’accepter, de considérer, de respecter l’être qui vit toutes ces émotions et sensations, qu’elles soient positives ou non. C’est s’accompagner soi-même, se tenir bonne compagnie. C’est aimer notre être. Aimer ne signifie pas forcément apprécier, et c’est là toute la subtilité du self love. Il ne s’agit pas ou pas seulement de s’apprécier ; on peut parfois être fâché.e avec soi-même, et s’aimer quand même. L’image que j’utilise volontiers pour illustrer mon propos est la parentalité. C’est une chose que l’on n’est pas toustes amené.e.s à connaître, mais nous pouvons aisément imaginer qu’en général, un parent, même lorsqu’il est agacé par son enfant, ne cesse pas de l’aimer. Son amour, sa présence et son soutien restent acquis à l’enfant quoiqu’il arrive. Cet amour est celui se rapproche le plus du le self love, pour moi.

Tout cela est bien différent de l’égocentrisme, qui consiste à ne se considérer que soi-même. S’aimer, ce n’est pas se considérer supérieur.e aux autres ni tirer la couverture vers soi. C’est au contraire s’accorder une importance égale aux autres et savoir quand se prioriser pour son propre bien et pour son propre équilibre. La distinction semble subtile et c’est important de la voir, autrement on risque de croire que s’accorder de l’amour et prendre soin de soi est forcément un acte égoïste. Or dans la vie, tout est souvent une question d’équilibre. L’intention qu’on place derrière le self love est déterminante : est-ce qu’il s’agit de prendre soin de soi ou est-ce qu’il s’agit de ne vivre que pour soi ? Vous savez qu’ici, je privilégie l’idée de prendre soin de nous ET soin du monde qui nous entoure. Vous savez aussi que je pense que ces deux notions sont liées entre elles et que je crois que l’une nous permet d’accéder à l’autre. Du moins si l’équilibre est réel.

 

• C’est inné ou ça se construit ?

Si je devais ajouter un tiret à cette forme d’amour, ce serait le suivant : amour-soin. Car quand j’ai décidé de m’aimer, j’ai décidé en même temps de prendre enfin soin de moi. Je dis “décidé” car oui, c’était un choix. Chez moi, ce n’était pas inné du tout et il a fallu que j’apprenne. Pour apprendre, il est nécessaire de décider d’apprendre. Comme quand on apprend une nouvelle langue, on ne se lève pas un beau matin en étant bilingue. On doit d’abord réviser et travailler, apprivoiser ce nouveau langage, le pratiquer autant que possible. Alors oui, pour moi, tout a commencé par un choix et surtout par une réelle volonté. Cependant la construction du self love est bien différente de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Il ne s’agit pas de se juger ou de passer des tests. C’est un chemin qu’on fait pour soi, pas contre soi.

Le self love peut être construit et bien ancré en soi dans l’enfance, quand celle-ci nous permet de nous développer sainement. Dans de nombreux foyers malheureusement, ce n’est pas le cas. La société elle-même ne valorise pas le self love et ne nous apprend pas à le cultiver, bien au contraire – dans ce système, la productivité et l’économie passent avant l’humain. On ne nous apprend pas à prendre soin de nous et à être bienveillant.e envers nous-même. Quand notre histoire personnelle ne nous a pas appris cela, c’est alors à nous d’apprendre.

Pour prendre mon exemple, j’ai longtemps été en désamour avec moi-même. Je me jugeais, j’avais énormément de croyances négatives à mon propos, je me rabaissais beaucoup. Un jour, j’ai réalisé à quel point c’était grave. J’ai réalisé que je ne traiterais jamais quelqu’un d’autre comme je me traitais moi-même. J’ai finalement tenté l’expérience de poser sur ma personne un regard neutre. J’ai examiné mes actions, ma vie, mes valeurs et j’ai compris que je ne cessais de me diminuer sans raison valable. J’avais des attentes énormes envers moi-même, je ne me félicitais jamais, je n’étais pas satisfaite de qui j’étais ou de ce que je faisais. Je ne tenais pas compte de mes qualités ou de mes réussites – tout ce qui était positif chez moi me semblait “normal” -, je ne voyais que mes manquements et mes faiblesses et je les laissais me déterminer entièrement. C’est pour cela que je dis souvent que je reviens de loin.

Plus tard, j’ai compris que tout ceci était la conséquence d’une enfance et adolescence difficiles. Je ne me suis pas battue contre moi-même ensuite, au contraire – je me suis prise dans les bras. Toutes ces fausses croyances et ces pensées négatives venaient bien de quelque part, elles ne sont pas nées en même temps que moi mais se sont insinuées dans mon esprit plus tard, se faisant plus fortes avec le temps. J’ai compris qu’elles étaient les symptômes d’un manque d’amour, et que ce n’était pas ma faute. Dans ma conscience, j’étais revenue à un point de neutralité à partir duquel je pouvais choisir pour moi-même, consciemment, comment je voulais me regarder. J’ai donc décidé de changer de regard, de “me reprogrammer”. J’ai décidé que j’allais créer une autre voix en moi-même, une voix bienveillante et aimante, et que je lui accorderais plus de crédit désormais. Il m’a fallu construire une autre voie en moi-même, oui. Comme quand on crée un chemin à travers la forêt : tout est sauvage et au début, on marche sur des herbes, des ronces. Mais à force d’y passer et d’y repasser, la route se forme et un jour, elle devient un sentier sûr. C’est comme cela que j’ai construit mon self love. J’ai dû apprendre, toute seule, à me voir autrement.

 

• Ca se manifeste comment ?

– Pour moi, la construction du self love passe avant tout par le regard – apprendre à poser un nouveau regard sur soi, un regard bienveillant. Je crois que c’est sa manifestation la plus importante au quotidien. Cela signifie qu’on s’accepte dans les bons moments comme dans les moments difficiles. Je sais très bien que je ne serais pas au top tout le temps, qu’il y a des fois où j’aurais plus de mal à prendre soin de moi, que parfois je ne vais pas faire les meilleurs choix puisque je suis humaine. En revanche, je choisis de poser un regard bienveillant sur tout ceci : mon être, ma conscience, ma vie, mes choix. Je sais que je fais de mon mieux et j’accepte cela.

– Le self love pour moi, c’est se traiter soi-même comme on traite un.e proche. Quand je pense aux gens que j’aime, je ne les juge pas. Je ne les critique pas. Je ne les rabaisse pas. Quand un.e proche vient me faire part d’une difficulté qu’iel vit, je l’écoute, je l’accompagne, je soutiens cette personne, je la console, je la comprends. C’est une volonté d’être là pour soi-même. Chez moi, cela se traduit par les croyances suivantes : je peux compter sur moi pour me comprendre, me consoler, m’écouter. Je suis ma propre sécurité émotionnelle. Je demande de l’aide si nécessaire au lieu de me laisser de côté. Je tiens compte de mes besoins et de mes limites.

– Le self love, c’est aussi vouloir se connaître pour mieux se respecter. Exemple personnel : je sais que je suis hypersensible et que je suis sujette à l’hyperstimulation, donc je tiens compte de cela le plus possible pour ne pas me surmener. Je mets en place des actions concrètes pour éviter de m’épuiser. Parfois j’oublie, parfois j’échoue – ce n’est pas grave, j’apprends et je suis là pour moi quoiqu’il en soit. Je ne me juge pas. Ce n’est pas une performance, c’est de l’amour ! La bienveillance n’est pas de l’exigence.

Le self love peut prendre toutes les formes du self care : dire non, dire stop quand c’est too much. Poser des limites. Prendre soin de soi en se faisant plaisir de diverses manières : soirée cocooning, bon restaurant, etc… Prendre du temps pour soi. Demander de l’aide quand on est submergé.e par quelque chose et qu’on sent ne pas pouvoir faire face seul.e. Méditer, respirer, se balader dans la nature. Avoir une pratique sportive. Créer, écrire, peindre, lire, chanter, danser. Prendre du temps pour faire n’importe quelle activité qui te fasse te sentir bien.

 

L’important dans tout ça, c’est d‘accepter que c’est un chemin et que chacun.e a sa manière de le parcourir. Le but reste le même : s’aimer ou s’aimer mieux, et je nous souhaite de tout coeur d’y arriver. 

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Voilà, j’espère que ce long article vous a plu.
Prenez soin de vous, et merci de m’avoir lue !

Love and good vibes,

– Aurane

Les hypersensibles et le sentiment de décalage

Les hypersensibles et le sentiment de décalage

Ah, ce fameux sentiment de décalage…

Il peut être ressenti par de nombreuses personnes dans des circonstances diverses et n’est pas l’apanage des êtres hypersensibles, mais dans ce post je vais m’intéresser exclusivement à nous, les êtres hautement sensibles. N’oublions pas, cependant, que ce sentiment peut être vécu par toute personne dans un milieu dans lequel elle diffère de la majorité ou de ce qui est perçue comme étant “la norme” (exemple : une femme dans une assemblée d’hommes, une personne de couleur dans un groupe de blanc.he.s, etc).

Le manque de représentation, on le sait, joue beaucoup sur l’estime de soi, sur le fait de se sentir intégré.e ou non et sur le sentiment de légitimité… L’humain reste un être social et nous avons pour la plupart un besoin naturel de nous sentir “appartenir” à un groupe. J’ai tendance à penser que même les plus singulier.e.s d’entre nous ressentent ce besoin d’appartenance et de validation de temps à autre, même si nous nous arrangeons avec ces derniers chacun.e à notre manière. Certaines personnes se fondent entièrement dans le groupe, d’autres n’y arrivent pas, d’autres encore aimeraient mais ne savent pas comment, d’autres y ont presque complètement renoncé, etc. Ces besoins, qu’ils se manifestent que de manière occasionnelle ou constante, restent inhérents à l’être humain. On peut d’ailleurs les corréler au besoin de reconnaissance. Nous en faisons un tabou, comme s’il était honteux d’avouer que nous apprécions d’être validé.e par nos pair.e.s, alors qu‘il est tout à fait normal d’avoir besoin que notre travail soit respecté par exemple, tout comme il est naturel d’avoir envie que nos sentiments soient reconnus et acceptés. Le “chacun.e pour soi, je suis arrivé.e ici tout.e seul.e, je suis détaché.e et je n’ai pas besoin des autres” ça peut faire costaud sur le papier, mais dans les faits ça ne fonctionne pas.

Nous, les personnes hautement sensibles, en sommes cruellement conscient.e.s en général. Pourquoi ? Car nous sommes nombreuxses à savoir ce que ça fait, de manquer de cette validation et de ce sentiment d’appartenance justement. Nous évoluons dans un monde pensé et conçu pour des personnes moins sensibles que nous. Je grossis volontairement les traits de mon discours car, évidemment, il y a autant de sensibilités qu’il y a d’individus, néanmoins nous savons aujourd’hui qu’il y a une portion de personnes bien plus sensibles que la moyenne : les hypersensibles. Certain.e.s disent que nous représentons 15% de la population, d’autres parlent de 20%, d’autres encore de 25%… Quoiqu’il en soit, nous sommes minoritaires. Ce monde n’a clairement pas été pensé et construit sur le mode de fonctionnement de la haute sensibilité, donc forcément parfois, nous avons du mal à nous y retrouver.

Qu’il s’agisse de haute sensibilité émotionnelle ou de sensorielle (ou d’un savant mélange des deux), nous ne sommes pas bien adaptés au rythme imposé par ce système capitaliste, productiviste et matérialiste. Grandir au sein d’une société qui met en avant la productivité à tout prix et évalue plus les individus sur leur capacité à se montrer performant.e que sur leur humanité, ça a de quoi nous déboussoler (et nous faire frémir ). Si tant de personnes adoptent aisément ces règles, ce n’est pas le cas de tou.te.s. En plus de ces codes qui ne nous correspondent pas, nous avons aussi un fonctionnement différent dans nos manières de vivre et de ressentir nos émotions (voir mon article : les caractéristiques de l’hypersensibilité). Les émotions fortes, intenses, sont peu tolérées et comprises par la société.

 

C’est pourquoi les besoins naturels d’appartenance, de validation et de
reconnaissance 
sont chez nous rarement comblés. Cela explique à mon sens
notre sentiment de décalage, si présent en situation de sociabilité, généralement.

 

Nous nous sentons trop peu compris.es, notre besoin de validation est donc rarement satisfait. En effet, comment valider nos ressentis auprès de personnes qui ne nous comprennent pas ou ne nous approuvent pas ? “Tu te victimises”, “tu te prends trop la tête”, “tu exagères”. Toutes ces phrases montrent à quel point notre fonctionnement peut sembler hors-normes à d’autres et parfois même à nos proches. Pour nous sentir validé.e.s, nous avons besoin que la personne en face de nous puisse nous comprendre, entrer en empathie avec nous et nous accepter tel.le.s que nous sommes, sans critiquer le fait que l’on ne corresponde pas à “la norme”. Si, au contraire, nous avons essuyé plusieurs fois le rejet, si nous avons souvent été confronté.es à de l’incompréhension au cours de nos vies lorsque nous étions nous-mêmes, nous avons sûrement conclu qu’il était plus pertinent de cacher notre sensibilité. Parfois, cela peut nous mener à jouer un rôle, à essayer d’être autre chose que ce que nous sommes vraiment, pour nous conformer. Comment ne pas ressentir ce décalage lorsque l’on n’est pas authentique, et comment l’être si on ne se sent pas libre d’être soi-même, si on n’est pas accepté.e pour ce que l’on est ?

Nous ne sommes que peu représenté.e.s dans la société puisque nous sommes minoritaires, et quand nous le sommes, c’est plutôt négativement. En France par exemple, le terme “hypersensible” est encore connoté péjorativement et utilisé pour décrire une personne “capricieuse” ou “susceptible”. La haute sensibilité est pourtant bien plus vaste et complexe que cela. Notre sentiment d’appartenance a donc du mal à se créer, nous sommes en manque de “personnes qui nous ressemblent”. C’est pourquoi je crois que nous sommes nombreuxses sur les réseaux sociaux, qui représentent un moyen de nous connecter les un.e.s aux autres aisément et sans risquer de rejet trop violent lorsque l’on s’expose (sauf si on est une personne publique, là c’est encore une autre histoire…).

Et enfin, l’hypersensibilité n’étant évidemment pas (qu’)une manière d’être plus susceptible, on peut aussi constater que les qualités inhérentes à la haute sensibilité sont trop peu reconnues et valorisées. La créativité, l’empathie, le fait de pouvoir se connecter profondément au monde, aux êtres, l’indignation naturelle face à l’injustice, la faculté de se remettre en question, la sincérité, la capacité d’émerveillement… Tous ces atouts précieux ne sont pas assez mis en avant dans notre société, et quel dommage. Nous vivons dans un système qui place l’économie avant l’humain, donc nos qualités humaines, au lieu d’être encouragées, passent parfois pour des signes de faiblesse ou de fragilité. Elles apportent plus au capital humain qu’au capital économique en général, c’est vrai, pourtant elles sont si nécessaires. Un système laissant un peu plus de place à la douceur et aux valeurs du cœur aurait plus de chances de perdurer et d’être vertueux, je crois, mais c’est un autre sujet. Quoiqu’il en soit, beaucoup d’entre nous, hypersensibles, manquons ou avons pu manquer d’une vraie reconnaissance de ce que nous sommes profondément. Parfois depuis longtemps.

Un conseil pour mieux s’en sortir face à ces manques qui, je le sais, peuvent blesser terriblement et aller jusqu’à créer un vide identitaire, c’est de s’apporter tout cela à soi-même (voir mon article sur le self love). Je ne vais pas dire que c’est toujours suffisant, mais ça aide beaucoup et pour certain.e.s d’entre nous, cela peut suffire. En revanche si la blessure est trop grande ou si vous n’avez pas envie d’y faire face seul.e, n’oubliez pas que vous pouvez vous faire aider par des professionnel.le.s de la santé mentale/émotionnelle, aussi. Ce n’est ni une honte ni une faiblesse. Bien au contraire, c’est très brave de faire face à une situation complexe en essayant de mettre toutes les chances de son côté pour aller mieux.

Selon moi, ce n’est pas notre singularité en elle-même qui crée le sentiment de décalage mais plutôt la manière qu’a la société de traiter tout ce qui diffère de la “norme”, créant du même coup des fossés entre les gens… Si l’on vous accepte et vous encourage à être tel.le que vous êtes dès petit.e, vous vivrez votre singularité d’une toute autre manière. C’est pourquoi ce sentiment de décalage est plus ou moins important en fonction du vécu personnel de la personne hautement sensible. Vous avez peut-être eu un entourage compréhensif ou composé d’autres personnes hautement sensibles, vous avez peut-être trouvé un groupe d’amis au sein duquel vous pouvez être complètement vous-même. Peut-être exercez-vous un des métiers dans lequel vos qualités et votre empathie sont nécessaires et appréciés. Peut-être vous apportez-vous beaucoup de self love, peut-être avez-vous construit et cultivé une grande confiance en vous-même au fur et à mesure du temps. Tout cela pourrait rendre ce sentiment inexistant, ou presque.

Si vous n’avez rien de tout ceci, pas de panique surtout. Cela ne veut pas dire que vous ne serez jamais serein.e.s ni à l’aise en société. Il n’est pas indispensable de cocher toutes ces cases pour être bien avec soi-même et avec les autres, en fait. Le plus important c’est peut-être d’abord d’accepter soi-même cette singularité, de ne pas se forcer à devenir quelqu’un d’autre pour se conformer aux attentes d’une société qui ne nous ressemble pas forcément, pas entièrement. Si l’on ne fait pas cet effort consciemment, nous pourrons être amené.e.s à nous créer ce qu’on appelle un “faux self” (je reviendrai sur cette notion dans un autre post). Et, par expérience, ce faux self nous dessert plus qu’autre chose sur le long terme.

Quoiqu’il en soit, ce sentiment de décalage est normal lorsqu’on fait partie d’une minorité quelconque. Si vous vous sentez décalé.e parfois, non, vous n’avez pas un “problème”, et non, vous ne vous “victimisez” pas non plus. Ce sentiment peut se manifester tout au long de la vie ou survenir par phases, à des instants précis ou plus quotidiennement. De mon côté il se pointe souvent lorsque je suis en situation de sociabilité. Dans ces moments, je me rends bien compte du fait que mes idées, mes ressentis, mon comportement et mes valeurs sont en décalage par rapport à ceux des individus qui m’entourent – que ce soient des personnes que je connais peu ou très bien. Cependant je connais aussi des êtres très empathiques et hautement sensibles, qui comprennent ma sensibilité et avec lesquels je peux parler ouvertement. Qu’est-ce que ça fait du bien, d’ailleurs (si vous passez par là : ).

Que vous connaissiez déjà ces êtres ou non, sachez que vous n’êtes pas seul.e.s dans cette différence. Comme je l’ai dit précédemment, c’est sûrement pour cela que nombre d’entre nous sommes présent.e.s sur les réseaux. Quelque part nous cherchons nos semblables, nous cherchons une communauté composée de personnes qui nous ressemblent. Et je crois que nous y parvenons, parfois.

Peu importe le décalage, n’oubliez jamais que votre sensibilité est aussi une force, un pouvoir, un CADEAU. Alors merci d’être sensible, que vous le soyez secrètement ou manifestement, que vous ayez déjà appris à vivre sereinement avec votre sensibilité ou non, merci, car ce monde a tant besoin de plus de sensibilité et d’empathie, et parce qu’alors très certainement, il a besoin de vous


« SENSITIVITY IS THE NEW COOL. »  

 

Prenez soin de vous, et merci de m’avoir lue !
Love and good vibes,

– Aurane

Les caractéristiques de l’hypersensibilité

Les caractéristiques de l’hypersensibilité

Hello hello les filous ! Dans cet article je vous parle un peu des caractéristiques de l’hypersensibilité. Cet article se présente sous la forme d’une succession d’images car j’ai simplement repris des visuels que j’avais déjà postés sur Instagram, par souci de praticité, pour éviter de recopier et remettre en forme tout le texte. J’espère que cela vous conviendra.

En espérant vous avoir apporté des éléments de compréhension… 🙂

  • À bientôt, Aurane
L’empathie : ce qui fait le lien

L’empathie : ce qui fait le lien

• Empathie : ce qui fait le lien.

Voilà la définition que j’en fais. L’empathie, ce qui fait le lien entre des individus apparemment différents. On peut croire n’avoir rien en commun, mais nous partageons pourtant certaines choses : des sentiments, des émotions.

Pouvoir les comprendre chez l’autre, c’est faire le lien entre l’autre et moi.

On peut comprendre sans aimer (et vice-versa). L’empathie n’est pas l’amour, pourtant elle nous lie les un.e.s aux autres, au-delà de nos différences apparentes. C’est là que l’on se rejoint. Nous avons toustes la faculté de ressentir, nous sommes toustes capables d’émotions. Nous sommes toustes, plus ou moins et chacun.e à notre façon, sensibles.

Je me questionne toujours, mais ces temps-ci un sujet se fait plus présent que les autres dans mon esprit.
Je me demande quel est le rôle de l’empathie face à l’injustice. Je veux croire que chaque être est doté d’empathie. Je sais, bien sûr, que certain.e.s en ont plus que d’autres. Je ne sais pas toujours pourquoi – s’agit-il d’une différence neurologique, d’un conditionnement, d’une volonté consciente d’être bienveillant.e, ou peut-être un peu des trois à la fois ? Quoiqu’il en soit, j’ai du mal à savoir si l’empathie peut toujours s’accompagner de tolérance. Comment tolérer l’intolérable ?

Mon empathie va naturellement à l’opprimé.e, et je vois bien que cela me rend de plus en plus intolérante face à ceux et celles que je considère comme oppresseur.e.s. On pourrait dire que je me radicalise, pourtant il me semble que c’est simplement… Du bon sens. Vouloir défendre les valeurs d’équité et de justice sociale, tendre la main quand c’est possible, être une allié.e pour les causes qui ne sont pas les miennes… Je sais cependant que notre monde est plein de nuances, et qu’il serait prétentieux de ma part de penser que je puisse le saisir dans sa globalité. Pourtant, il faut bien commencer quelque part. Faire avec ce que l’on sait, lutter avec nos moyens. Mais parfois je me demande : mon empathie est-elle partiale ? Souvent lorsque je discute avec des personnes moins engagées, je me rends compte qu’elles me trouvent trop prompte aux jugements. Pourtant je ne me reconnais pas dans cette image, et de manière générale je ne suis pas une personne violente ou colérique. Lorsque j’affirme mes convictions, je le fais par empathie pour les personnes lésées. Celles qui souffrent de ce système mortifère, celles qui ne sont pas toujours sous nos yeux ou dans nos maisons, mais auxquelles nous devons penser si nous voulons créer un monde plus juste.

Je n’ai pas la prétention de toujours savoir ce qui est juste, c’est un fait. Mais je sais que laisser d’autres personnes souffrir pour nous ne l’est pas. Cependant je me rends compte que lorsque je défends mes valeurs avec conviction, je passe souvent pour une personne rigide.

 

Peut-être n’ai-je juste pas les bons mots.
Peut-être mon empathie me conduit-elle trop loin dans l’émotion.
Peut-être n’est-elle pas parfaite.

Tendre la main, même de manière imparfaite, n’est-ce pas mieux que de ne rien faire ? Je n’en sais rien.
Cependant, et c’est ce que je crois très fort, sans mon empathie je ne serais pas aussi concernée. C’est elle qui fait que je me sens naturellement impliquée. C’est elle qui me donne envie de soutenir des causes, même celles qui ne me concernent pas directement. C’est elle qui me donne la volonté de lutter contre les inégalités. C’est elle qui me donne la capacité de comprendre la souffrance d’autrui, mais aussi sa joie et son amour, même quand je ne les vis pas moi-même.

Comme tout, peut-être, je devrais bien un jour apprendre à me servir de cette empathie pour lutter des manières les plus efficaces possibles pour les causes qui me semblent justes. Encore. Toujours.
Si l’empathie me permet de comprendre, elle me donne aussi envie d’agir. Elle allume un feu dans mon ventre et dans mon cœur. Ce feu qui réclame la justice. Je ne veux pas tomber dans l’apathie. J’apprendrai à garder ce feu éveillé sans qu’il ne me consume. Je ferai en sorte qu’il réchauffe et qu’il éclaire tant que je le pourrais.

Je veux créer des liens, n’en briser que certains, ceux qui ne me servent pas, et continuer de partager ce feu surtout, comme nombre d’entre vous.

Embrasons le ciel ensemble.

 

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Prenez soin de vous, et merci de m’avoir lue !

Love and good vibes,

Aurane

L’hyperstimulation chez l’hypersensible

L’hyperstimulation chez l’hypersensible

Qu’est-ce que c’est ?

Ahh, l’hyperstimulation. Tu sais, c’est quand tous tes voyants sont au rouge. C’est cette sensation que toutes tes coupes sont pleines et que le moindre stimulus supplémentaire (qu’il soit sensoriel, émotionnel ou psychique) te tend comme un arc sur le point de projeter sa flèche. C’est quand tu n’as plus qu’une envie : ne plus communiquer avec personne, ne plus être sollicitée, ne plus rien faire d’ailleurs, juste filer tout droit dans ta grotte et t’allonger pour te reposer car ton esprit, voir ton corps aussi peut-être, sature(nt).

Pour résumer, l’hyperstimulation, c’est la saturation du système nerveux. Vous le savez peut-être déjà, le cerveau des hypersensibles réagit plus vite et plus intensément aux divers stimuli externes ou internes. C’est pourquoi on peut plus ou moins rapidement se retrouver en état de surcharge – tout devient trop, et nous entrons dans des états émotionnels plus intenses encore, nous nous sentons dépassé.e.s, submergé.e.s.
Tu connais cela ? Moi oui, et je passe rarement un mois entier sans vivre cet état. C’est une des choses qui m’a fait penser que j’étais faible par le passé. Je me disais : comment les gens peuvent-ils fournir un effort quasi continu durant des mois et des mois voir des années sans faiblir ? Pourquoi ai-je tant besoin de repos et de pauses de mon côté ?

 

Un fonctionnement différent…

Pourtant non ce n’est pas une faiblesse, c’est juste un fonctionnement différent. Quand j’agis, je donne tout et je mobilise mon coeur, mon esprit, mes sens. Je suis très investie émotionnellement et psychiquement dans ce que je fais. Donc, naturellement, quand je sors de plusieurs journées vécues comme étant intenses, j’ai un besoin accru de déconnexion. Si je ne respecte pas cela, je me surmène, je tire sur la corde et je finis malade ou anxieuse. C’est une des conditions à mon bien-être, aujourd’hui je le sais : je dois connaître et respecter mon rythme autant que possible.

Plus facile à dire qu’à faire dans une société qui veut que tu travailles 5 jours sur 7, et plus ou moins 35h par semaine. Alors comment faire pour éviter cette sensation de trop-plein, ce débordement ? Ne pas attendre que la vague nous submerge est une des clés. Mais pas de culpabilité si tu n’as pas réussi à l’éviter, personne n’est parfait.e ! Voici quelques tips pour t’aider à mieux esquiver ces moments de débordement…

 

Des conseils pour prévenir l’hyperstimulation :

S’aménager des plages horaires de calme plusieurs fois par semaine, durant lesquelles vous ne sollicitez pas votre système nerveux. Quand je dis calme, je veux dire : pas de films, pas de séries, pas d’écran. Peut-être un petit livre, une musique calme. Se tenir compagnie à soi-même, simplement, être présent.e à soi, ça aide beaucoup à revenir dans notre centre et à être calme en nous-même. Ainsi, on se régénère.

Avoir du temps seul.e quand c’est possible. En ces temps de confinement ou même en temps normal en ayant des enfants, je conçois que cela peut être très difficile. Si vous pouvez vous arranger pour trouver un peu de temps par-ci par-là, n’hésitez pas. La solitude nous permet aussi de nous ressourcer, de nous apaiser.

Cela peut vouloir dire : apprendre à dire non, également. Dire non aux autres, c’est parfois vous dire oui à vous. Et ce n’est ni honteux, ni égoïste.

Respirer pour entrer dans l’instant présent. Respirer nous permet d’être juste ici, et c’est suffisant.

Accepter que vous êtes ainsi. Lutter contre vous-même ne fera que vous épuiser plus encore. Reposez-vous, c’est ok d’avoir besoin de repos. Vous avez besoin de plus de repos que les autres ? Ce n’est pas grave. Chacun.e est différent. Vous avez aussi des forces qui vous sont propres, n’en doutez pas.

Vous dépenser. Eh oui, la nervosité évacuée est une nervosité que l’on n’aura pas gardé en soi et accumulé. Le sport permet vraiment de se vider la tête, de n’être qu’avec soi-même et d’évacuer des émotions aussi parfois. On en sort également plus calme, plus centré.e sur nous-même.

 

 

→ Pour finir : l’hyperstimulation ça se vit, ça se gère, parfois on la subit, mais ce que je vois personnellement, c’est qu’elle nous apprend à nous accueillir et à nous respecter, aussi.
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Voilà, j’espère que cet article vous aura apporté quelque chose.
Prenez soin de vous, et merci de m’avoir lue !

Love and good vibes,

– Aurane

Les amitiés des personnes hypersensibles

Les amitiés des personnes hypersensibles

C’est une problématique récurrente pour de nombreux hypersensibles/HPE*. En effet, bien souvent, les relations humaines sont complexes pour nous. (*HPE = haut potentiel émotionnel)

Nous avons pourtant certaines qualités, des qualités innées qui semblent nécessaires à l’établissement d’une relation sincère. Les gens sont parfois intrigués par notre singularité. On les divertit, on leur apporte une écoute qu’ils ne trouvent que rarement ailleurs, ils voient que l’on s’intéresse sincèrement à eux et ils apprécient cela. Ils aiment notre compagnie aussi, notre discussion, notre capacité de comprendre et d’aller en profondeur dans certaines réflexions. Nous aimons établir une vraie connexion et vivre un partage qui va au-delà du superficiel. Nos qualités humaines peuvent être très appréciées.

Bien entendu dans toute relation, tôt ou tard, il y a des hauts et des bas. C’est naturel. Il peut y avoir des disputes, des incompréhensions, et parfois, nous sommes blessés.

On vit les hauts intensément, et on vit aussi les bas intensément. Les gens qui n’ont pas la même sensibilité peuvent ne pas comprendre cela. Quand on aime quelqu’un, on tient beaucoup à cette personne et on le montre en général, de diverses manières. On veut lui apporter le meilleur de nous-même, pour nous c’est naturel. On ne sait pas aimer autrement. Mais quand nous sommes blessés, on ne peut pas faire semblant non plus. On voudrait le faire et parfois on essaie même, mais ce n’est pas naturel.

Lorsque nous vivons des choses intenses que l’autre ne comprend pas, il va naturellement rejeter cela. L’humain fuit ce qu’il ne parvient pas à comprendre. De même, l’humain préfère éviter ce qui le met mal à l’aise. C’est plus commode de mettre de côté ce dont on ne sait que faire, encore plus quand cette émotion vécue par l’autre pourrait remettre en question certaines choses, certains comportements chez nous. On traite les autres comme on se traite soi-même ; dans une société qui conditionne les gens à ne pas vivre leurs émotions et à ne pas les accepter, les personnes très sensibles sont vues comme en faisant trop.

Ce que j’ai remarqué dans les récits de personnes qui m’en parlent et dans ma propre histoire, c’est que l’hypersensible/HPE, tant qu’il est positif et apporte des good vibes, est facilement accepté. Lorsqu’il est ainsi, il rayonne. Mais s’il va mal, il n’est pas facilement accepté. C’est pourtant dans ces moments-là que la personne sensible a le plus besoin de présence et de soutien. Mais voilà, l’autre ne veut pas ou ne peut pas lui apporter. Bien souvent, l’autre ne pense pas à mal. Il ne comprend simplement pas l’enjeu pour nous. Nous n’avons pas tous le même niveau d’empathie, c’est une chose qu’il nous faut comprendre et accepter.

C’est là tout le drame de nos relations. On en vient trop souvent à cette incompréhension, qui renforce notre sensation d’être seul, différent, incompris. Ce sentiment que l’on vit depuis petit, et dont peuvent témoigner quasiment tous les hypersensibles/HPE.

Quand on essaie d’en parler, l’autre comprend encore moins. “Tu te places en victime“, “tu en fais trop“, combien de fois avez-vous entendu cela ? Je crois que c’est le lot de beaucoup d’entre nous. C’est cette étiquette que l’on nous colle facilement. Dans ces situations, on peut voir la différence de comportement entre les gens qui tiennent vraiment à nous et les autres. Cela tient en quelques mots : la remise en question. Faire l’effort de comprendre l’autre, tendre la main – ces démarches sont nécessaires si l’on souhaite que la différence de sensibilité ne sépare pas. Ces comportements sont des choix. Soit on veut agir en ce sens car on tient à l’autre, soit on ne le veut pas car il est plus important pour nous de “ne pas se prendre la tête” que de préserver notre lien avec l’autre. Selon moi, une relation sincère est basée sur la bienveillance : vouloir le bien pour autrui et agir en conséquence. Des erreurs, cela arrive. Cela nous arrive à tous, même. Mais quand dans une relation, d’un côté ou de l’autre, l’erreur persiste, il ne s’agit plus d’une erreur mais d’un choix.

« Je ne comprends pas, moi je ne l’aurais jamais laissé comme ça / je n’aurais jamais pu faire ça ». Combien de fois vous-êtes vous répété ces mots ? Toutes les personnes très sensibles savent de quoi je parle. Cette fameuse tendance à comparer les actes des autres à ce qu’on aurait fait nous-même nous laisse encore plus dans l’incompréhension. Ce raisonnement est peu pertinent, mais c’est ce que nous faisons naturellement quand nous nous sentons perdus face à des actes que l’on n’arrive pas à s’expliquer. C’est une façon de gérer l’émotion et d’essayer de comprendre la situation. On se remet en question plusieurs fois, on essaie de comprendre ce que l’on a fait de mal et on désespère face à ce qui nous semble injuste. Très vite, c’est le serpent qui se mord la queue : à force de ressasser les événements, on finit par (se) faire plus de mal que de bien. On semble alors encore plus extrême aux yeux des autres et on suscite plus de rejet encore.

Avec le temps, j’ai compris que chacun aime comme il peut aimer. Personnes sensibles, comprenez cela : notre capacité d’aimer est immense. Notre cœur est grand. Nos affections sont fortes, nos sentiments sincères et profonds, nos émotions intenses. Un de nos torts, c’est sûrement de croire que tout le monde peut démontrer ce même degré d’affection et d’attendre des gens que nous rencontrons la même compréhension et la même bienveillance que nous accordons naturellement. Nous ne pouvons pas demander aux gens d’être à la hauteur de nos attentes, aussi nobles soient-elles. Comprenez-moi bien : il est normal qu’une relation soit un échange – si l’un donne plus que l’autre, il y a déséquilibre. Il est donc normal de chercher à s’entourer de personnes qui nous accordent de l’importance, de la considération et du respect, comme nous leur en accordons. Certaines le feront, mais pas toutes. C’est à nous d’apprendre à mieux voir, pour savoir si la personne que l’on a face à soi a un grand coeur ou pas.

Le cœur est un muscle. On peut l’entraîner, le grandir, le renforcer, mais ce n’est pas ce qui est valorisé dans la société. Nous allons tous à l’école, nous apprenons des choses pour devenir plus performants, plus intelligents, aptes à trouver un travail et à avoir des conversations semblant sensées et intelligibles… Mais il n’y a pas d’école du cœur. On ne nous apprend pas ou pas assez à devenir plus aimant, plus compatissant, plus compréhensif et empathique. Nous, les hypersensibles, sommes nés avec tout ce package. Ces traits de caractère nous sont innés, cela s’explique par notre particularité neurologique.

Personnellement, malgré que je me connaisse mieux et que j’ai rencontré plein de personnes différentes au cours de ma vie, j’ai toujours du mal à me faire des amis, et surtout à les garder. Il y a plusieurs raisons à cela, et je constate que ma singularité joue un grand rôle dans cette problématique.

 Déjà, je finis toujours par sembler « trop ». En effet, je ne me tais pas face à l’injustice, je ne supporte pas la méchanceté ou la malhonnêteté – de manière générale, j’ai beaucoup de valeurs et elles sont très ancrées en moi. Je n’y renonce pas pour faire partie d’un groupe, ainsi si quelque chose me semble injuste, je vais le dire. Ce qui ne signifie pas que je ne me comporte jamais de manière injuste moi-même. Nous sommes tous humains, imparfaits. Quand on me fait remarquer que j’ai mal agi, je cherche à comprendre, je me remets en question, je m’adoucis et je m’excuse si j’estime avoir mal agi. Je ne conçois pas de vivre autrement, car je ne veux pas être malhonnête. Cela me rendrait malade. Mes valeurs sont mes guides, ma boussole, et c’est ce qui me fait paraître extrême aux yeux de nombreuses personnes. On me répète souvent de ne pas juger les autres d’après mes propres valeurs, car peu de gens sont aussi concernés que moi par ces dernières.

Je dois dire aussi que je manque encore de discernement et que j’investis souvent les gens de qualités qu’ils n’ont pas, malheureusement. Bien que je semble m’améliorer sur ce point avec le temps, je fais encore face à des désillusions. Aujourd’hui, je me rends compte qu’il me faut faire preuve non seulement de discernement, mais aussi de clarté avec moi-même. C’est à moi de décider quel type de personnes je laisse entrer dans mon cœur. J’ai tendance à aimer les gens et à faire confiance naturellement, cela me demande un gros effort d’agir contre ma nature. Cet effort d’adaptation, exigé par ce monde auquel nous nous conformons mal, est épuisant sur le long terme. Tous les hypersensibles/HPE connaissent cet épuisement.

Je rajouterai qu’il est pour nous essentiel de ne pas rester dans la posture de la personne qui subit sa différence. Prendre conscience de cette dernière, l’accepter et en tenir compte dans nos relations. Oui, le monde est parfois injuste. Alors devenons plus grands, réservons notre vulnérabilité à ceux qui nous traiteront avec délicatesse. Faisons preuve de plus de discernement, et n’attendons pas des autres plus que ce qu’ils sont capables de donner. Ces paramètres doivent être mis en place par les personnes ayant une sensibilité particulière. Sans eux, nous risquons de nous heurter encore et encore à des murs de déception, d’incompréhension et de rejet.

C’est un long apprentissage, mais être hypersensible/HPE vaut ce détour. Car au-delà des difficultés liées à cette singularité, il y a aussi une expérience d’une grande beauté. Je sais que les personnes qui m’acceptent comme je suis sont des personnes qui m’aiment sincèrement. Constater la pureté de leur affection me remplit de joie. Quand une personne est de bonne foi avec moi, qu’elle me voit et me respecte, qu’elle m’accepte et fait l’effort d’essayer de me comprendre, je donne le meilleur de moi-même et j’accorde une profonde estime à celle-ci. La relation est alors belle et vertueuse, sans commune mesure avec les relations superficielles que l’on vit tous de temps à autres dans nos vies. Et ça, c’est plutôt TRÈS chouette. Sans ma différence, je ne vivrais pas les choses ainsi. Ma singularité teinte les relations sincères d’une profondeur sans pareille. Je peux sûrement me satisfaire de cela, et j’espère que toi aussi.

Si tu es hypersensible/HPE, te reconnais-tu dans ce texte ? Cela me plairait de le savoir. N’hésite pas à me laisser un commentaire. 🙂

À bientôt, et merci de m’avoir lue !
Love and good vibes,

– Aurane